C'est tout de même déconcertant toutes ces choses que le simple fait d'exister incombe!
Toutes ces leçons à apprendre dont il faut tirer la simple jouissance de les avoir apprises. Je suis un adulte moi, dit-on. Et ça se compte l'âge adulte, certains diront que c'est au nombre de ces dites leçons qu'on peut valoriser ou dévaloriser un homme, d'autres affirment qu'être adulte c'est une nécessité dont ils se seraient bien passés. J'ai beaucoup de sympathie pour ces derniers. La naïveté m'attendrit désormais.
J'ai toujours su que l'on "paie" pour pouvoir "être". Mais je ne pensais pas aux mêmes saloperies quand je me suis dite ça y'a deux trois piges. Je ne pensais pas qu'un jour, tout ce que l'on considère comme de simples vérités de survie, des informations qui te garantissent que ta droite est à ta droite, pouvaient se révéler erronées, un jour. Et que ta consolation devra se réduire à cette idée du sacrifice qu'illustre le passage à l'âge adulte. Oui, il faut être dépouillé de ses choses pour traverser les Styx de la vie. Mais quand j'employais ce mot, le Styx n'était qu'une figure de style, beaucoup trop stylée pour se confondre avec le réel. J'aimais bien être malheureuse avant, je me languissais de mes larmes, de mes échecs, ça m'offrait la tendre illusion d'être spéciale, d'avoir ma propre tragédie, aussi belle et poignante qu'un ravissant mythe où Electre aurait fini par épouser Oedipe et le tromper avec Hamlet. Du délire, de la pure ingratitude à ce que la vie m'avait offerte et m'avait retiré en toute équité. Je riais beaucoup trop au nez des belles choses pour avoir le droit de les garder. Justice faite. Je n'ai plus grand chose de ce que je qualifiais de tragique. Privée du droit d'avoir une vie de merde, je me suis retrouvée dans la merde la plus brute. Et même qu'il n'y a plus rien à déplorer. Les gens ne meurent plus autour de moi, on se crève plutôt à tuer ce qu'il reste de ma petite personne vaniteuse. Je ne broies plus du noir. C'est le noir qui me broie, et moi qui recolle les morceaux avec la dignité d'une asservie. Je ne veux plus qu'on me plaint. Quelle différence ça fait au fond, ma merde ou la tienne? Les comparer c'est juste de la consolation à deux sous. Une manière maladive comme l'humain en a le secret, de se dire que ça n'arrive qu'aux autres, pour le moment. C'est d'un pathétique! Ça ferait fondre en larmes les roches les plus revêches! Saletés de sarcasmes. L'âge adulte c'est quand la prose d'un Musset qui se languit de sa Sand te fait rire aux éclats. Un bon rire névrotique. Un soupçon d'ironie cynique et lucide qui te rassure les soirs où même le suicide t'apparaît comme une satire de la lâcheté. Depuis le temps, j'ai fini par comprendre que tout ce qui te reste, te sera retiré. Et que tout ce qui t'est offert comme choix est d'assumer pleinement ta nouvelle condition d'adulte consciencieux. D'en profiter au lieu de râler. Rire au lieu de pleurnicher. Et que te dire que somme toute, tu n'as que ce que tu mérites, toi le petit prétentieux dont les jeunes âges ont gavés les cieux et fait chier les dieux les plus cléments.
Et là, je vis. Pleinement. Mes merdes les plus visqueuses et mes passions les plus farfelues.
Etre adulte c'est cela. Toute cette ironie blasée qui ne te privera jamais de t'extasier encore, avec toute la dignité d'un noble qui s'est retrouvé un jour esclave. D'un roi déchu et réduit à être le plus bas de ses sujets. Mais qui sait encore jouir de toute la beauté qu'offre la vie, cette kermesse lugubre,.
Toutes ces leçons à apprendre dont il faut tirer la simple jouissance de les avoir apprises. Je suis un adulte moi, dit-on. Et ça se compte l'âge adulte, certains diront que c'est au nombre de ces dites leçons qu'on peut valoriser ou dévaloriser un homme, d'autres affirment qu'être adulte c'est une nécessité dont ils se seraient bien passés. J'ai beaucoup de sympathie pour ces derniers. La naïveté m'attendrit désormais.
J'ai toujours su que l'on "paie" pour pouvoir "être". Mais je ne pensais pas aux mêmes saloperies quand je me suis dite ça y'a deux trois piges. Je ne pensais pas qu'un jour, tout ce que l'on considère comme de simples vérités de survie, des informations qui te garantissent que ta droite est à ta droite, pouvaient se révéler erronées, un jour. Et que ta consolation devra se réduire à cette idée du sacrifice qu'illustre le passage à l'âge adulte. Oui, il faut être dépouillé de ses choses pour traverser les Styx de la vie. Mais quand j'employais ce mot, le Styx n'était qu'une figure de style, beaucoup trop stylée pour se confondre avec le réel. J'aimais bien être malheureuse avant, je me languissais de mes larmes, de mes échecs, ça m'offrait la tendre illusion d'être spéciale, d'avoir ma propre tragédie, aussi belle et poignante qu'un ravissant mythe où Electre aurait fini par épouser Oedipe et le tromper avec Hamlet. Du délire, de la pure ingratitude à ce que la vie m'avait offerte et m'avait retiré en toute équité. Je riais beaucoup trop au nez des belles choses pour avoir le droit de les garder. Justice faite. Je n'ai plus grand chose de ce que je qualifiais de tragique. Privée du droit d'avoir une vie de merde, je me suis retrouvée dans la merde la plus brute. Et même qu'il n'y a plus rien à déplorer. Les gens ne meurent plus autour de moi, on se crève plutôt à tuer ce qu'il reste de ma petite personne vaniteuse. Je ne broies plus du noir. C'est le noir qui me broie, et moi qui recolle les morceaux avec la dignité d'une asservie. Je ne veux plus qu'on me plaint. Quelle différence ça fait au fond, ma merde ou la tienne? Les comparer c'est juste de la consolation à deux sous. Une manière maladive comme l'humain en a le secret, de se dire que ça n'arrive qu'aux autres, pour le moment. C'est d'un pathétique! Ça ferait fondre en larmes les roches les plus revêches! Saletés de sarcasmes. L'âge adulte c'est quand la prose d'un Musset qui se languit de sa Sand te fait rire aux éclats. Un bon rire névrotique. Un soupçon d'ironie cynique et lucide qui te rassure les soirs où même le suicide t'apparaît comme une satire de la lâcheté. Depuis le temps, j'ai fini par comprendre que tout ce qui te reste, te sera retiré. Et que tout ce qui t'est offert comme choix est d'assumer pleinement ta nouvelle condition d'adulte consciencieux. D'en profiter au lieu de râler. Rire au lieu de pleurnicher. Et que te dire que somme toute, tu n'as que ce que tu mérites, toi le petit prétentieux dont les jeunes âges ont gavés les cieux et fait chier les dieux les plus cléments.
Et là, je vis. Pleinement. Mes merdes les plus visqueuses et mes passions les plus farfelues.
Etre adulte c'est cela. Toute cette ironie blasée qui ne te privera jamais de t'extasier encore, avec toute la dignité d'un noble qui s'est retrouvé un jour esclave. D'un roi déchu et réduit à être le plus bas de ses sujets. Mais qui sait encore jouir de toute la beauté qu'offre la vie, cette kermesse lugubre,.
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