Je la regarde.
Qu'es tu devenue petite lanterne?
C'est quoi ce ton terne?
C'est quoi ces cernes?
Qui a volé l'auréole?
Que je le tue,moi Cain,que je tue cet être qui m'a privé d'un ange.Du seul songe d'une rédemption.
Tu t'es éprise des phalanges,tu déserté les bacs de sable,et tu as défié le sablier...et le temps filait,à vile allure.Ta perte est le sacrilège d'une enfance que la vie n'a pas épargné.
Il ne faut pas nier les sacrifices,tu étais trop jeune,trop bon enfant pour déjà savoir que les artifices ne durent qu'un temps.
Qu'ont ils fait poupée?
Que font ces mèches par terre,est ce un énième ciseau avec lequel tu as trop voulu jouer?
Pourquoi ces airs d'ascèse,alors que toutes les aires de liberté t'offrent libertinage?
N'as tu pas assez grandi?Papa t'a pourtant grondé le jour où tu as cassé l'horloge du salon pour inverser les aiguilles.
Que t'es tu faite petite insolente?
Il fallait rire.Au lieu de cela,tu ne savais que lire.Tu aurais pu narguer les adultes,tu as voulu leur ressembler.Tu n'as jamais porté la robe de maman,mais tu as dérobé les vieux journaux de grand papa.
Tu pouvais tout envoyer,en l'air,tu n'as fait que t’asseoir par terre.A dix ans,il était trop tard pour les manèges,et papa t'a emmené voir la neige.Papa ne t'a pourtant pas grondé ce jour où tu piétiné le sol blanchi de tes bottines dont tu ne savais même pas le prix.
Dans la cour,les élèves singeaient,pourquoi cherchais tu les fourmis?Un camarade tend sa main,te demande de venir te joindre au cache cache,tu lui souris avec un non,tu te cachais déjà assez,pourquoi le faire aussi pendant la récré.
Le soir,dans la chambre qui ne dort jamais,tu vivais,tu laissais masques et fards,seule la veilleuse était le phare de ton port.Tu veillais jusqu'au matin avec toutes ces effigies dont ceux de ton age ne savaient rien.Tu voguais au gré des lignes.D'années en années,l'innocente liseuse indolente défiait le temps.
Je la regarde.Le miroir me renvoie son image,je décèle ses traits,je décèle son art de l'imaginaire,sa froide nature solitaire.Je cligne des yeux,il me faut l'auréole,même si ce ne sera qu'une illusion optique,il me faut revoir son auréole.Rien.Une larme nargue nos joues,je lui souris,je lui lance mon mensonge le plus meurtrier:"tout ira bien.".Et là pour un instant seulement,pour un instant,je revois l'auréole dans ces yeux pétillants,elle n'aimait pas mentir,elle ne faisait pas d'exception ce soir,encore,elle pointe son doigt vers moi,et chuchote un "je te pardonne",avant de me laisser devant mes 21 ans.
CHEVAL
RépondreSupprimerSur mon cheval de Troie
Je chevauche le spectre de mon enfance
Partir en ruée vers ma tristesse mes délires et ma joie
Je déflore mon innocence
De folies d’imagination et je bois
Mes rêves orphelins
D’un bouton de fleur des champs
D’un triste arlequin aux allures clownesques
Aux douleurs joviales et titanesques
A dos de mon cheval en bois
Je galope vers un balançoire
Qui use de ma mémoire
De petite fille cachée dans son armoire
Ses chants secrets ses mirontons
Ses brimborions ses chimériques compagnons
Je me gave de ma dépendance
Au silence ses images et ses influences
A dos de mon cheval en débris
Telle un berger et ses brebis
Égarant son chemin son étoile
Je calque un passé fragile sur une toile
Je défais ma tête plongée dans la musique
Mon âme ma vitalité lyrique
Je peins le jardin de mes pensées sanguines
Mes anémones mes animots mes capucines
A dos de mon cheval en rubis
Vielle j’arrive en conquérant andalou
Aux portes de Tunis ou de Séville
En plumes et sans tabous
A la recherche d’un cheval en mot inouïs
Mémo