Toutes ces choses qu'on ne dit pas,finissent par se condenser,créer un abcès.Cet abcès,qu'on peinera à crever,explosera.Tout le pus emportera nos âmes,à la dérive,dans un styx nauséabond et fatal.
Khadija ne quittait jamais le berceau,même à 30 ans.Notre jeune femme a été élevée dans du coton pour certains.Mais en psychanalyse,il n'y a pas lieu de taxer les gens autrement que par des névroses homologuées.
Donc,pour Khadija,il ne s'agissait que de cordon,rien que d'un cordon.
Le premier amour que connait un enfant est celui de sa mère.Je ne vous apprends rien.Et je ne vous cache surtout rien.
Khadija a longtemps pensé que la seule personne qu'elle pouvait aimer sans avoir le coeur en lambeaux,était,indéniablement,sa mère.
Elle,qui n'a jamais su être autre qu'une progéniture,s'est un jour heurtée à la réalité de ne plus pouvoir en être une.
Khadija s'est longtemps habillée comme sa mère.
Khadija s'est maquillée trop tôt et joué trop tard.Et la plupart du temps,ce n'étaient que des jeux interdits.
Khadija a choisi de faire Médecine.A souffert le martyr pendant 10 piges.Et à chaque fois qu'on lui demandait ce qu'elle étudiait,sa phrase commençait par Maman pour s'achever par Médecine.
Les deux mots prenaient des majuscules sans être transcrits.
Khadija,a une fois,perdu la paroi qui fait d'une fille une épouse comestible.Maman l'a appris,elle l'a mariée.
Khadija a aimé un mari,qui n'était au fond qu'un compagnon de baise mais surtout et au fil du temps,un compagnon de chambre.
Khadija a eu des enfants qu'elle n'a jamais négligé,mais qu'elle offrait à sa mère en compensation,ou plutôt en divertissement lors des longues heures à tuer qui lui restaient,avant le face à face avec la faucheuse.
Un jour,Khadija a appris que son mari la trompait par un voyeur de voisin.
Ne pouvant divorcer,elle s'est longuement occupé de ses gosses avec toute la hargne des épouses mal baisées et mal aimées.
Un jour,le mari est parti.
Le surlendemain,son aîné comparaissait devant un tribunal pour trafic de bas age.
Et le jour d'après,son dévouement au serment d’Hippocrate n'a rien changé à la donne.
Elle n'était plus qu'une hypocrite de dépravée indigne de porter l'enseigne d'un honorable médecin.
Allo maman,bobo.
Khadija a fini par couper ce maudit cordon.
Elle est enfin libre.
Elle porte un lourd passé,mais elle a quitté le berceau.
Parce qu'un berceau sans mère pour le faire balancer doucement en fredonnant une vielle cantine n'en est plus un.
Khadija a brisé la chaîne qui la reliait à sa génitrice,le soir où cette dernière lui fit ses adieux.
Cela fait un an,que la mère repose au dortoir des inhumés,Khadija,venant réciter sa prière machinalement se mit à sangloter.La femme chuchotait inlassablement une drole de phrase,qui ne ressemblait en rien à du coran.
"Tu es une fille indigne,tu me fais honte,j'ai hâte de rejoindre Dieu,rien que pour ne plus vivre avec la hantise de t'avoir pour progéniture".
L'amour est aveugle,surtout quand il est haineux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire