jeudi 8 septembre 2011

La veuve putain,la putain de veuve

Acre est de ces femmes qui aiment le jeu.
L'argent,les mondanités et les amours sans lendemains,sont le quotidien de cette nymphe.Autant dire que telle une Erato,sa beauté faisait d'elle le meilleur joker qui soit.
Son épanouissement n'a jamais été une quête,elle ne vivait qu'à travers des euphories d'un soir.
Les hommes ne manquent jamais à l'appel,seule,elle,s'occtroit la légitimité de feindre leur coup de fil.
Maquillage,talons aiguilles et robe rouge vif.Acre est une femme comme on en trouve peu dans le pays des épouses fidèles.

Les femmes fatales sont la damnation des mâles obsédés par la mort.Et Acre est létale.

Acre vit aux dépens,elle ne sait faire que ça,les dépenses asservissent ses "clients".Et cette servitude est la dualité subtile qu'Acre a réussi à instaurer. "Une femme ça s'entretient" aimait elle à répéter entre deux verres de whiskey,en riant à pleines dents.
Elle n'a jamais trop parlé,elle sait qu'en dire trop,en revient à porter d'autres vêtements ou masques au choix,et elle,elle n'aimait que les porte-jarretelles.
Au fond,rares sont ceux qui connaissent véritablement cette jeune femme espiègle et tenace qui obtient toujours ce qu'elle veut.
Et moi,je ne connais Acre que trop bien.


Il y a 4 ans,cette nymphe égayante à souhait,passait d'interminables journées,dans un hopital en reclus de la ville.Elle veillait un homme,elle allégeait une agonie,celle de l'être qu'elle aura le plus aimé dans toute son existence.Mariée ou non,Acre et ce monsieur séripositif,dont je ne sais rien à part la maladie,ont été depuis le lycée,les inséparables de mon village natal.Longtemps,je les ai envié,pour leurs mains soudés.Pour ce lien du sang,qu'ils semblaient avoir pactisé.Pour leur amour débordant et qui gênaient les chomeurs rageurs qui les épiait lorsqu'ils passaient devant le bar du village.
Notre village est cotier.Et la mer,elle seule,sait préserver les amours,autant qu'elle sait les emporter.
Tel un déferlement d'une tempête impétueuse,la vie de Acre et son amour s'est vue balayée un jour par une séropositivité assassine.
Jamais un coupable n'a été désigné.Ils étaient malades,mais surtout amoureux.
Malencentreusement ou non,les médecins ont déclaré que seul le garçon était mourrant.Le "il n'en a plus pour longtemps mademoiselle" a transformé un amour qui défiait l'éphémère en une tragédie Shakespearienne privée de toute niaiserie.
Les jours passaient,et les heures emportaient le jeune homme.Un jour,Acre ne réussit pas à le réveiller.
Le lendemain,il n'était plus qu'une sépulture.

J'ai revu Acre deux ans plus tard.Cette drole de veuve,je me retrouvas à lui parler au tour d'un verre dans une de ces fêtes où on choisissait l'accoutrement qu'il faut pour la réputation qu'on veut.
Je ne sais pas si c'était l'effet d'une ébriété que je n'avais pas prévu,mais je me suis retrouvé à la draguer.Elle,parfaitement sobre,me toisa de ce regard hautain et attendri à la fois et me dis:"Allons au premier étage,nous serions plus tranquilles."
En montant l'escalier,elle se retourna et me dit: "Tu sais,Mortèz,il n'y que les putains qui méritent le respect".

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