samedi 3 septembre 2011

Tes yeux noirs


"Et le passé n'est plus qu'une postérité noyée dans l'inconnu..."

Tsariane est attablée dans sa petite cuisine aux couleurs provinciales.L'air chaud de la compagne verdoyante ranime d'anciens souvenirs.Elle débouche une bouteille qu'elle avait brillamment cachée sous son lit.Et à deux centimètres de cette bouteille,quelques pilules.Sans lendemain.
Elle se verse un verre,deux,trois.
Entre temps,son lecteur cassette que lui a offert un amant mort né,jouait inlassablement "Les yeux noirs",valse tzigane,russe,je sais plus,mais bel et bien une ritournelle d'adieu.
A mesure que le verre se vidait,un moment de la vie de Tsariane était supprimé,éradiqué,déchiqueté,comme la précédant dans les sombres abîmes qui l'attendait.
La valse devenait virulente,elle se mit debout malgré le tournis,malgré le vide,malgré sa servitude soudaine à la gravité,et elle dansa.
Le verre à la main,les comprimés dans l'autre,elle suivait un mouvement circulaire sournois,une ultime allégorie des cercles vicieux et elle savait que pour que ces derniers soient rompus,le prix était toujours fort payé.
Sa voix ivre fredonnait les rythmes les notes les lamentations d'un violon agonisant.
Tsariane voit la réalité se décomposer,elle sourit,elle sait que le départ est imminent.
Mais elle ne sait où elle couchera ce soir.

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