Le tapage frénétique de ce texte sent l'humus à l'eau de rose ou de vie.
Il faut bien que l'on souffre dit-on. Il faut bien que l'on perde. Que l'on dise juste mat alors que ce n'est qu'échec.
Là sont les lourdes loi de tout jeu. Et des plus cruels, seul celui de la vie est le plus attrayant pour les hommes/âmes.
Cela ne nous ennuie guère de miser le tout pour un rien. Cela ne nous ennuie guère de nous essayer aux roulettes russes.
"Ne viens pas pleurnicher après" Disait souvent maman, tata et mamie.
Elles avaient raison. La déraison de l'adulte est la raison de l'enfant/joueur. Et inversement.
Je n'ai pas assez joué dans mon enfance. J'ai préféré le faire en grandissant. Des fois,je me surprenais à m'imaginer fuir le jour de mon mariage pour aller me prendre un bon café chaud, loin, devant l’éclaboussement d'une mer désinvolte.
Je me suis imaginée le retrouver lui. Dans un ailleurs, où il ne dirait pas non à un baiser que j'ai beau chassé depuis des années.
J'ai joué à faire d'un homme celui d'une vie. Le pointer d'un doigt et crier à tort, à travers, à remords : C'est lui! Mon amie en ce temps m'avait conseillé de retourner jouer avec mes poupées.
Bougre! Elles n'imaginait même pas ce que ça m'a demandé comme effort pour ne plus noyer Barbie dans ma baignoire.
Les jeux des adultes deviennent cependant différents au vu de leurs âges et de leurs dites expériences. Chacun son dada, dit-on. Moi je dis, tout le monde est un joueur d'échecs.
Et en choeur, j'ai vu des hommes scander tout haut : Mat! Mat! Mat.
Moi, j'ai fait dans le particulier.
Ma compagne a un moment m'a faite abandonner Ken.
Je ne m'en suis pas remise jusqu'à ce jour.
Mais ma tendre amie la faucheuse ne se contente pas de me voler mes êtres.
Elle rit de mes élans de possession d'être vaniteux, me snobe, en m’annonçant par certains soirs qu'elle ne saura tarder à en repêcher un le lendemain.
A mon réveil, je suis déjà amenée à me travestir de noir à un nouveau funérarium.
Cet homme que je viens de perdre ne m'était pas particulièrement cher. Les hommes bons, je n'y ai jamais été indifférente. Mais je n'ai pas non plus à le pleurer. Je cède le chagrin à sa veuve. Cette femme qu'il a laissé, aimé, choyé. N'ayant pas eu la félicité ou la malédiction d'enfanter, ils étaient deux gosses. Deux vieux gosses. Deux tendres amants.
Sa veille (le jour qui précède la mort d'un homme lui est complètement dédié), une douleur m'a déchiquetée.
Une vieille douleur. A laquelle je n'ai jamais cru. Affaire de bon sens. Quel goujat se prétendrait capable de prévoir la mort. Mais cette douleur là, je la connais. Elle a crié "Échec et Mat" à 6 heures du mat'. A bout de souffle, à bout de somnifères, je m'étais affalée sur mon lit de circonstance. Je me pensais assez forte pour ne pas me réveiller. Et j'aurais réellement aimé ne pas bailler 8 heures après en fumant ma première clope et en buvant ma caféine.
"F. réveille toi bordel! Il est 15h, il fait beau. Sors prendre l'air!"
"Le sommeil ou l'éveil, trouve moi une seule différence et je me lèverai de ce lit."
Leurs rires francs m'ont amenée rageuse à me réveiller.
Une heure a su donner raison à ma léthargie. M.N était mort.
Je suis une amnésique. Un déserteur. Une solitaire aigrie. Cela faisait plus de deux ans que je ne l'avais pas vu. Mais je me suis habituée.
Je ne me vois pas m'affilier à l'ange de la mort. Je ne me vois dans le prémonitoire des départs. Je ne me vois pas donner ma sensibilité hyperbolique, prétexte à ce pressentiment toujours incongru.
Mais M.N est bien mort.
H.G aussi.
R.I
S.W
Et un voisin de pallier dont la mort m'a épargné juste le nom.
Et quelque chose me dit que devant l’échiquier de la vie, je serai toujours la plus abjecte des spectatrices.
Note: God works in mysterious ways.
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